Avec son dernier album Amour Suprême (2025), Youssoupha a repris racine au cœur de la musique. Un retour salué par toutes et tous, un Olympia mémorable, un Zénith annoncé le 4 décembre. Dans ce sillage, il signera pour l’Hyper Weekend Festival sa création inédite, Amour suprême pour Balavoine.
L’intitulé dit l’élan. Admirateur déclaré de Daniel Balavoine, Youssoupha s’adressera ici à l’artiste, au poète et au citoyen engagé. Pionnier du rap en France, figure de « rap conscient », il transcende les clivages et les écoles pour se tenir du côté des idées, de la poésie et de l’engagement. Dans la chanson française, Balavoine fit également figure d’éclaireur par son utilisation précoce de synthés, l’exploitation de l’échantillonnage avant sa qualification sous le mot “sample”, ou encore son engagement public qui ne s’arrêtait pas aux plateaux télé.
Cette filiation ne date pas d’hier. Il y a dix ans, Youssoupha reprenait déjà Pour faire un disque, morceau d’ouverture méconnu de l’album de Balavoine « Vendeur de larmes ». Plus récemment, Youssoupha a revisité l’iconique Vivre ou survivre (du même album) avec le guitariste Thibault Cauvin dans le cadre du projet « Une journée avec Balavoine » (sous l’impulsion de Nach). Il aime rappeler que Balavoine aimait lancer des punchlines qui savaient saisir l’auditeur entre poésie et désespoir. Il cite en exemple « je veux mourir malheureux, pour ne rien regretter », phrase de clôture de l’iconique morceau Le Chanteur.
Amour suprême pour Balavoine ne sera pas un décalque mais un dialogue. Aujourd’hui, le rap occupe la place qu’occupait autrefois la variété ; Youssoupha en est l’un des visages, comme Balavoine fut celui de son époque. Rappeur avant d’être chanteur, il conduira l’hommage par l’intention et le verbe. Balavoine s’y trouvera déplacé vers notre présent : non pas adouci, mais réinvesti.
Entouré d’artistes venus du rap et d’ailleurs, Youssoupha multipliera les passerelles entre esthétiques, sans rejouer un répertoire à l’identique. Ici, la chanson engagée des années 1980 rencontrera un rap d’aujourd’hui habité, vibrant et ancré dans son époque.
En un mot : un hommage vivant. Où le souffle de l’amour suprême rejoint l’héritage d’un artiste qui n’a jamais séparé la chanson du monde qui l’entoure, et rappelle combien, de la variété au rap, la musique reste d’abord une affaire d’idées, d’émotion et de transmission.
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